Je ne veux pas dire, par là, que les savoirs de Frederica dussent être plus que superficiels, et je me flatte qu’elle ne restera pas assez longtemps à l’école pour comprendre quoi que ce soit en détail[1]. J’espère la voir, épouse de Sir James, en moins de douze mois. Vous savez sur quoi je fonde mon espoir, et c’est certainement une bonne base, car l’école doit être très humiliant pour une fille de l’âge de Frederica. Et soit dit en passant, vous feriez mieux de ne plus l’inviter dans cette optique, puisque je souhaite qu’elle trouve sa position[2] aussi désagréable que possible. Je suis assurée de Sir James en tout moment, et que je pourrai lui faire renouveler sa demande sur un mot[3]. Je vous demanderai pendant ce temps de l’empêcher, quant à lui, de former toute autre attachement lors de son séjour en ville. Invitez-le chez vous de temps en temps, et parlez lui de Frederica, qu’il ne puisse pas l’oublier. En somme, j’applaudis ma conduite en cette affaire au plus haut point, et la considère comme une preuve très heureuse de ma circonspection et de ma tendresse. Certaines mères auraient insisté pour que leur fille accepte une offre aussi avantageuse dès la première ouverture ; mais je ne pouvais pas me réconcilier avec l’idée de forcer Frederica à un mariage qui lui révoltait le cœur, et au lieu d’adopter une mesure si dure, je me suis simplement contenté de l’amener à en faire son propre choix, en la rendant tellement mal à l’aise, jusqu’à ce qu’elle l’accepte — Mais assez parlé de cette fille ennuyeuse.
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