Page:Autran - Œuvres complètes, t1, 1875.djvu/104

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Partout reculèrent d’horreur ;
Mais, hélas ! que servit la fuite ?
Les eaux étaient à leur poursuite,
Courant plus vite que la peur.

Le monstre avait rompu sa chaîne ;
De sa cage emportant les gonds,
Terrible, il franchissait la plaine
Retentissante sous ses bonds.
Loin de ta plage escaladée,
Tu broyais, ô mer débordée,
Arbres, maisons, champs nourriciers
Tes vagues roulaient sur la terre
Comme des chariots de guerre
Traînés par de fumants coursiers.

Alors, à travers les campagnes,
On vit, comme de grands troupeaux,
S’enfuir vers les hautes montagnes
Les peuples chassés par les eaux.
On vit la race humaine entière
Assiéger, sombre fourmilière,
Les plateaux des monts trop étroits ;
Pressés, entassés par cent mille,