Page:Autran - Œuvres complètes, t1, 1875.djvu/342

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Et, quand du long travail meurt enfin la semaine,
Ces lieux pour le repos sont à jamais choisis :
Femmes, filles, enfants qu’à la remorque on mène,
Vieillards et jeunes gens partent, guirlande humaine,
Heureux d’aller revoir la stérile oasis.

Dès l’aube du dimanche, heure de leur attente,
Chaque toit du village arbore un pavillon ;
Devant chaque maison se déploie une tente ;
Et là, cœurs satisfaits, ce seul jour les contente
Plus que s’il apportait tout l’or d’un galion.

De l’aurore à la nuit, on chante, on rit, on danse,
Chaque pan de coteau porte un joyeux essaim.
Partout les tambourins résonnent en cadence ;
Et le rocher, surpris, admire l’abondance
Des festins étalés sur son aride sein.

Pour l’infertile sol d’où naît cette tendresse ?
Pourquoi tant de chansons et de rires dans l’air ?
Pourquoi tant de gaîté sur tant de sécheresse ?
— C’est qu’au pied des coteaux où la foule se presse
S’étend la mer d’azur, la radieuse mer ;