Page:Autran - Œuvres complètes, t1, 1875.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Que nous avons bercé dans nos souples roseaux ?
Fuis ces sommets, ingrats comme le cœur des hommes.
Point de doux entretiens là-haut, point de doux sommes.
Viens, redescends vers nous qui t’aimons, et qui sommes
Les filles de la mer, les déesses des eaux !

» Ami, n’avons-nous pas, dès longtemps, la coutume
D’endormir le chagrin, d’adoucir l’amertume,
D’étancher de nos mains et le sang et les pleurs ?
Au sommet d’une roche inculte, inhabitée,
Quand, ravisseur du feu céleste, Prométhée
Souffrait silencieux la peine imméritée,
Qui monta jusqu’à lui pour calmer ses douleurs ?

» Ce fut nous : notre foule à peine est avertie,
Elle prend son essor vers le mont de Scythie
Qui du fils de Japet est l’implacable autel.
En vain du noir vautour il était la pâture ;
Nous, berçant notre vol sur son lit de torture,
Nous lui parlions d’espoir et de gloire future,
Et nous versions le baume au flanc de l’immortel.

» Siècles évanouis, dont s’efface l’image !
Dans l’univers, alors, tout nous rendait hommage ;