Page:Autran - Œuvres complètes, t1, 1875.djvu/95

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Notre divinité rayonnait sur les flots.
Au départ, au retour des courses maritimes,
Le pilote à nos pieds immolait des victimes,
Et nos grottes d’azur, ouvrant sur les abîmes,
Nous répétaient sans fin les vœux des matelots.

» Du superbe Océan nous étions la famille,
Nous étions la tribu célèbre, qui fourmille
Comme les flots pressés dans ses vastes bassins.
Aux heures où s’endort le vent longtemps rebelle,
Combien du dieu des mers la puissance était belle,
Quand, pareil au pasteur d’un grand troupeau qui bêle,
Il menait après lui nos ondoyants essaims !

» Et quel beau jour encor dans nos riches annales,
Quand, sous un vent d’avril, aux heures matinales,
L’écume de la mer soudain frémit sur nous,
Et qu’on te vit sortir de notre bleu domaine,
Déesse de l’Amour ! belle Anadyomène,
Vénus ! beauté divine à force d’être humaine,
Dont tous, hommes et dieux, embrassent les genoux.

» Que de moments passés à mirer aux eaux pures
Nos épaules d’argent, nos glauques chevelures