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LA VIE RURALE.


Voyez cette attitude, admirez cette pose.
Qu’elle dessine bien sa hanche et son beau col !
Paresseuse elle rêve, ouvre sa bouche rose,
Bâille, et de temps en temps gobe une mouche au vol.

Ô Vénus, car tel est votre nom, chien superbe
(Et d’autres se plaindront de le voir profané),
À quoi donc pensez-vous, ainsi couché dans l’herbe ?
Est-ce au récent honneur qui vous fut décerné ?

Par les plateaux couverts de rocs et de broussailles,
Par les ravins pierreux, le bois sauvage et dru,
Franchissant, d’un seul bond, taillis, pans de murailles,
Elle avait, ce jour-là, si bravement couru ;

Elle avait éventé si bien toutes les traces,
Si bien dans les buissons fourré son fin museau,
Que le maître au logis rapportait six bécasses,
Plus un coq de bruyère, en nos deux rare oiseau !

Cet homme est un chasseur connu dans la contrée,
Braconnier si l’on veut, si l’on veut maraudeur,
Mais fier sous le haillon, la taille exagérée,
Et donnant à son verbe un accent de grandeur.