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LE TRIOMPHE DE VÉNUS.


Des choses de la Fable ayant quelque teinture,
Il va distribuant les noms olympiens :
Jupiter et Junon, Mars, Apollon, Mercure.
L’Olympe avait de quoi nommer beaucoup de chiens.

Or, quand le franc chasseur eut dénoué sa guêtre,
Quand il eut détaché son poudreux attirail,
Il sourit à sa bête, et, du ton d’un bon maître :
« Sois tranquille, dit-il, je pairai ton travail.

» Aux courses de Ceyreste, autrefois j’eus la gloire
De remporter le prix ; ah ! j’étais jeune alors !
Ce fut un plat d’argent : serré dans mon armoire,
Ce plat et deux couverts sont mes humbles trésors.

» Si le roi, par hasard, passait par ce village,
On dit qu’il servirait pour le repas du roi.
Eh bien, royale bête, à l’heure du potage,
Le roi ne venant pas, il servira pour toi. »

Et, comme l’avait dit l’homme à la gibecière,
Quand on dîna le soir sous le toit indigent,
Vénus à son côté, sans en être plus fière,
Mangea son pain trempé dans le grand plat d’argent.