Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
170
LA VIE RURALE.

Cela n’est malaisé que la première fois ;
La seconde, on voltige, et la troisième, on plane.
Regarde cet air bleu, ce grand ciel diaphane :
N’en es-tu pas séduit ? songe au plaisir d’aller,
D’explorer cent pays dont on entend parler.
Veux-tu languir, honteux ? vieillir dans ta coquille ?
Il s’agit de l’honneur de toute une famille ! »
La mère, en prononçant cette péroraison,
Tout à coup le poussa du bord de sa maison.
L’oisillon dans les airs tombait à l’improviste.
Il ne fit, au début, qu’une mine assez triste ;
Plongea cinq ou six fois ; enfin, s’aventurant,
Là-haut tout comme un autre il sut tenir son rang.

Écoutons maintenant ce pierrot pindarique
Qui s’est fait, sur le toit, un trépied d’une brique ;
Écoutons ce début de poëte naissant
Que le merle jaloux vient siffler en passant :

« Père du jour, dit-il, auteur de l’harmonie !
D’un moineau qui t’invoque échauffe le génie.
Par toi brillent aux yeux les oiseaux et les fleurs ;
Par toi le grain fourmille et les fruits sont meilleurs ;
Par tes mains allumé, dans les cœurs l’amour flambe.