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GRÂCE POUR CELUI-CI.


Criant d’une aigre voix, modestement vêtu,
Ce chétif prisonnier, chasseur, le connais-tu ?
Sais-tu le nom dont il se nomme ?
C’est l’artiste sacré des belles nuits d’amour ;
C’est le plus doux chanteur connu jusqu’à ce jour
Entre tous ceux qu’applaudit l’homme !

Variables destins ! — sitôt que meurt l’été,
De son sublime chant l’oiseau déshérité
Perd avec lui gloires et fêtes.
Sous la bise qui souffle il erre à demi mort.
Hélas ! dans leur automne, est-ce donc là le sort
Que Dieu fait à tous ses poëtes ?

En souvenir des chants cette année entendus,
Et dans l’espoir de ceux qui nous seront rendus,
Chasseur, ouvre la main, qu’il vive ! —
N’en déplaise à Toinon qui me le rôtirait,
Disant qu’un rossignol, chez un homme distrait,
Passe au besoin pour une grive.