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PENDANT LA GUERRE DE CRIMÉE.


J’y marchais un matin de ce dernier avril,
Ayant à mon côté, dans cette promenade,
Un bambin de sept ans, gracieux camarade
Qui trottait d’un pas leste en faisant son babil.

Il portait comme un thyrse un rameau d’aubépine,
Tige en fleur, dérobée au palis d’un enclos,
Et sa verve coulait, elle coulait à flots.
Quels attraits n’as-tu pas, causerie enfantine !

Frappé subitement d’une réflexion,
Il suspendit sa marche et ses propos de joie :
« Penses-tu, me dit-il, — ce marmot me tutoie, —
Que l’on pourrait ici rencontrer un lion ? »

Le mot évidemment sentait son La Fontaine.
« Un lion ! répondis-je, un lion, c’est beaucoup ;
Mais on pourrait fort bien y rencontrer un loup,
Quand ils quittent, l’hiver, leur tanière lointaine.

» Si l’un d’eux, aujourd’hui, se trompant de saison,
Sortait de ce taillis, un loup de belle taille,
Et qu’il parût songer à nous livrer bataille,
Réponds, aurais-tu peur, mon cher petit garçon ?