Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
267
TRAJET NOCTURNE.


Et moi, j’allais ; sombre et lassé,
Je traversais das champs sans borne,
Cétait la nuit ; — la lune morne
Se leva dans l’éther glacé.

À sa lueur sous le nuage,
Cieux et terrains semblaient plus froids…
Chemin faisant, je vis les croix
D’un cimetière de village.

Un chêne mort, non loin de là,
Se découpait en silhouette ;
Et, sur cet arbre, une chouette
Qui m’aperçut… et me parla.

« Où vas-tu donc à pareille heure ?
Me dit l’horrible oiseau de nuit.
— Je vais là-bas, où ce feu luit,
Me reposer dans ma demeure.

» — Non, reprit la sœur du hibou ;
À l’horizon des plaines blanches,
Tu vas dormir… entre deux planches,
Entre deux planches, dans un trou.