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LA VIE RURALE.

Et qu’au bonheur du maître il songe avec envie,
Paris vous tient, Paris absorbe votre vie.
Dans cette Babylone où tout est confondu,
Vous marchez, vous allez, flot dans les flots perdu,
Plus chétif, plus léger qu’au vent un brin de chaume !
Vous qui seriez ici le roi dans son royaume ;
Vous qui pourriez, le cœur et l’esprit satisfaits,
Y remplir tous vos jours d’œuvres et de bienfaits,
Vous préférez, obscur, inutile, frivole,
Vivre au gré du caprice et du temps qui s’envole !

Ah ! ce n’est pas ainsi que vécurent jadis
Les hommes grands et forts dont vous êtes le fils,
Ceux de qui vous tenez, avec d’autres exemples,
Des biens tels que pas un n’en reçut de plus amples.
Chefs de leurs tenanciers, ils restaient au manoir ;
Mieux renseignés que vous du droit et du devoir,
Ils donnaient à leur vie, autrement occupée,
Deux sévères blasons : la charrue et l’épée !
Durant les temps de paix, sans honte et sans chagrin,
Ils allaient défrichant, fécondant leur terrain,
Y versant les sueurs de leurs têtes altières.
Fallait-il agrandir ou garder les frontières ?
Avaient-ils entendu le signal des clairons ?