Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/352

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
341
À UN ABSENT.

Suivis de leurs vassaux, laboureurs, bûcherons,
Bergers, qu’ils dominaient du cœur et de la taille,
Ils partaient, ils couraient de bataille en bataille,
Voyaient fuir devant eux l’Anglais ou le Germain ;
Puis, de leurs nobles toits reprenant le chemin,
Ils venaient de nouveau, contents de cette gloire,
Guider sur le sillon l’attelage aratoire !

— Imitez ces leçons : fidèle aux vieilles mœurs,
Regagnez le séjour qui les eut pour seigneurs.
Un des pires fléaux dont s’afflige la terre,
C’est cet ingrat oubli du chef héréditaire.
À vos durs laboureurs avant l’aube levés,
À ces fils de vos champs, ce que vous leur devez,
Ce n’est pas seulement le salaire et l’ouvrage,
C’est votre exemple encore, appui de leur courage.
Ne différez donc plus ; regagnez le manoir ;
Revenez ! qu’il tressaille, heureux de vous revoir ;
Arrachez de son seuil la broussaille et le lierre ;
Rendez à ses lambris l’air pur et la lumière ;
Relevez du perron les pilastres couchés ;
Réjouissez les cœurs de vos dons épanchés ;
Et, quoi qu’on en ait dit, faites enfin connaître
Que le meilleur ami, c’est quelquefois le maître !