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LA VIE RURALE.


Hélas ! il est de ceux que brûle trop de flamme.
Invalide de l’art, peut-être de l’amour,
C’est un de ces fourreaux fatigués par la lame,
Qui, faute de repos, se décousent un jour.

Quand il vint, la pâleur accusait l’insomnie ;
La ride sur le front se dessinait trop tôt,
Et le débile corps, charpente dégarnie,
Reprochait son ampleur au large paletot.

Aujourd’hui, tout revient ; le jarret est plus ferme,
La peau brune reprend son coloris ancien.
Après quelques soleils encor sur l’épiderme,
Je vous le renverrai signé par Titien.

Il fait ses cinq repas gaîment. Dieu lui pardonne.
À peine a-t-il fini son second déjeuner,
Il adresse un regard à l’horloge, et s’étonne
Qu’elle ne sonne pas encore le dîner.

À chaque heure du jour, promeneur sans faiblesse,
« Il va du lac au pic et de la grotte au pont. »
Ce vers n’est pas de moi ; si son accent vous blesse,
Il est de Jocelyn qui sans doute en répond.