Aller au contenu

Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
BULLETIN


Le médecin qui fit une cure si belle,
Marquise, croyez-moi, n’a rien de triste à voir.
Il n’a ni l’air profond, ni la voix solennelle,
Il n’est pas du tout fier de son vaste savoir.

Il soigne également, dans sa bonté suprême,
Tout être endolori qu’il rencontre en chemin.
Riche ou pauvre, et la plante, et l’insecte lui-même
Attendent les bienfaits qu’il verse à pleine main.

Il porte un habit vert avec des bandes roses ;
Il a dans les cheveux des papillons flottants.
Il ne dit en entrant que d’agréables choses ;
Je vous le recommande, il s’appelle Printemps.

Il marche dans le thym, il se coiffe de lierre.
S’ils avaient pu se voir sous l’orme et le bouleau,
Celui-là, je le crois, eût désarmé Molière,
Dans le jardin d’Auteuil de son ami Boileau.

Le grand air du matin, sans rhubarbe ni mauve,
Est l’unique julep qu’il revienne ordonner.
Pas un mot de latin débité dans l’alcôve ;
Il n’a qu’une formule : « Allez vous promener ! »