Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/167

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Il en remonte enfin, trempé du sel amer,
Saisit un madrier qui roule sur la mer,
Et, pressant des genoux ce tronçon de mâture.
Ressemble au cavalier qui mène sa monture.

» Sur cette immense mer, privé de tout secours,
Le vaillant naufragé fut ballotté deux jours :
Les vents tombés enfin, à la troisième aurore,
Comme une fleur de l’onde il voit la terre éclore.
Salut blanche Schérie, asile hospitalier !
Après mille douleurs, près de les oublier,
Il approche, il atteint à cette rive sûre.
Un fleuve le reçoit dans sa verte embouchure.
« Salut, fleuve, et vous, bois qui trempez vos rameaux.
» Certes, un faible mortel, vainqueur de tant de maux,
» Mérite qu’un dieu même avec honneur l’accueille ! »
Il dit, baise la rive, y trouve un lit de feuille ;
Et toi, fleuve sacré, fleuve au lit sombre et doux,
Tu l’endors à la fin, couché sur tes genoux ! »