Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/230

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Mais comment ficeler ces huit mains prisonnières ?
Ils avaient des manteaux, il en fit des lanières,
Garrotta ses captifs d’un triple nœud savant,
Et, montant à cheval, leur dit : « Passez devant ! »

On marcha. Par le bois, par le mont, par la plaine,
On suivit le sentier. Les princes à la chaîne
Tentaient parfois un bond, comme pour s’échapper :
Mais un mot de Roland venait les rattraper.
Lui, bercé doucement au pas de sa monture,
Songeait, s’abandonnait à la grande nature ;
Il écoutait les bruits du soir, il contemplait
Le couchant qui partout jette son beau reflet.
L’ombre enfin descendait du flanc de la montagne,
Quand le baron revint au camp de Charlemagne.
Les soldats, sous la tente et dans l’herbe accoudés,
Causaient, buvaient entre eux, plusieurs jouant aux dés.
« D’ou viens-tu, beau neveu, traînant un tel cortège ?
Demanda l’empereur. — Sire, que vous dirai-je ?
Dit Roland, je m’étais attardé dans les bois ;
Je reviens de la chasse et j’ai pris quatre rois ! »