Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/229

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Avez-vous jamais vu, sous un vol de moustiques,
Un taureau de Camargue aux naseaux frénétiques
Se lever de sa couche, et, rebelle aux affronts,
Courir sus, tête basse, aux lâches moucherons ?
Tel apparut le preux arraché de son rêve.
Il boucle sa cuirasse, il ressaisit son glaive,
Et, tombant d’un seul bond en face de ces rois :
« Vous fûtes imprudents et n’êtes pas adroits,
Leur dit-il. Regardez, vos misérables flèches
N’ont pas fait sur ma peau plus que des herbes sèches
La chair n’est qu’effleurée, et les voilà dehors.
Rendez-vous maintenant, sinon vous êtes morts !
Voyons, pas de retard ! nul de vous n’est de taille,
Lorsque je suis debout, à me livrer bataille.
Car je vous reconnais : toi, mon brave Astaro,
Tu te crois une épée et tu n’es qu’un fourreau ;
Toi, ces cheveux pendant jusques à ta cheville
Prouvent suffisamment que tu n’es qu’une fille ;
Toi, tu n’es qu’un bâtard ; et toi, nouveau venu,
Si tu valais mieux qu’eux, tu serais plus connu ! »
Tel était le regard du héros que tous quatre
Virent bien que céder valait mieux que combattre.
A quoi bon résister ? ils se sentaient perdus.
« Emmenons-les, dit-il, puisqu’ils se sont rendus. »