Page:Auvray - Le Banquet des Muses, 1865.djvu/104

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Qu’Itis ny sa pierre de touche,
Les mots luy croissent dans la bouche,
Comme le musc sur un retraict.
Bref, jour et nuict ce vieux pourtraict,
Eveillé comme un chat qu’on fesse,
Ne parle rien que de maistresse,
D’Amours, de feux, de Cupidons,
De traicts, d’attraicts, et de brandons,
D’yeux, de soleils, d’astres, de charmes,
De feux, de martyres, de larmes,
Et autre attirail amoureux :
Jargon ordinaire à tous ceux
Qui suivent l’Enfant de Cyprine.

Poussant de sa froide poitrine
Plus de souspirs et de sanglots
Qu’un espagnol ne fait de rots,
Ny de vesses les accouchées,
Ny qu’un lansquenet aux tranchées
Ne fait de pets quand il est sou.

Bref, je ne croy point que ce fou
N’ait tous les Diables dans le ventre,
Et que du Plutonique centre,
Cerbere ne soit déchaîné
Pour tourmenter cet obstiné,
Tant est grande d’amour la rage.

Pour moy, si ce beau dieu volage
Venait de son poizon charmeur
Embroüiller ma gaillarde humeur,
Le chef coiffé d’une marmitte,
Sur mon ventre une lichefrite,
A grands coups de broche à rostir