Page:Auvray - Le Banquet des Muses, 1865.djvu/108

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Qu’il est enragé s’il n’embrasse
Toujours cette vieille carcasse.

Voila le suject tant aymé
Qui fait que, jour et nuict armé
En escuyer de Dom Quichotte,
Et jusqu’aux genoux dans la crotte,
Je prens garde qu’en ce bordeau
Ne glisse quelque maquereau
Pour de sa langue babillarde,
Nous emporter cette mignarde
Qui tient lié ce jobelin
Comme un asne à l’huis d’un moulin.

Au diable l’amour et les charmes,
Au diable la guerre, et les armes !
Depuis que ce gentil amant
A coiffé mon entendement
De ce morion effroyable,
J’ay toujours esté miserable,
Poüilleux, crasseux, crotté, lassé,
Plus embrené, plus harassé
Qu’un chien qui a les loups aux fesses ;
Puis après ces belles proüesses
Il faut souvent disner par cœur.

Peut-on mieux montrer sa valeur,
Et sa genereuse origine,
Que de bien frapper en cuisine ?
Tailler en pieces un jambon,
Fendre jusqu’aux dents un chappon,
Rompre d’un pasté les murailles,
Fondre dans un gros de volailles,