Page:Auvray - Le Banquet des Muses, 1865.djvu/17

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Et les chesnes branchus, si n’en estoyent profondes
Les racines en terre, un tourbillon de vent
Les feroit mesurer la poussière souvent.

Il faut pour un grand faix une espaule puissante :
Aussi considerant fortune estre glissante,
Qu’il n’est rien de constant sous la voute des cieux
Que l’estat médiocre, et que l’ambitieux
Ces ampoules ressemble, aux ruisseaux élevées.
Qui grossissent toujours tant qu’elles soient crevées :
Je borne mes desseins, et mes contens esprits
De soins extravagans sont rarement surpris.
L’homicide tizon de la blafarde Envie
Ne me brusle le cœur, et je meine une vie
Franche, ouverte, tranquille, exempte des malheurs
Qui sont comme attachez aux croulantes grandeurs.

Amadouer les grands, leur conter des merveilles.
Servir aux rois d’echo, d’ombre, de pend-oreilles.
Ce seroit me geheoner, bailler les osselets,
Et mes membres tirer dessus les chevalets.
De Damades l’impie, o thraistres amphibenes,
Enigmatiques sphinx, frauduleuses hyenes,
Flateurs, que vous causez de dommage à nos rois !

Non plus veux-je toucher à la visqueuse poix
Des deniers de l’empire, et pour telle richesse
Ma bourse ne sera mise jamais en presse ;
Ces drogues font vomir, et maints fermes esprits
En ont souvent rendu plus qu’ils n’en avoyent pris,
De reformer aussi l’Eglise toute belle,
Ce seroit en plain jour allumer la chandelle :
L’Eglise n’erre point, et si l’Eglise erroit,
D’erreur le Sainct Esprit accuser l’on pourroit