Page:Auvray - Le Banquet des Muses, 1865.djvu/20

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Que t’ont servy, Herçul’, les forces de tes bras
Que tu n’as dechassé telz montres d’icy bas ?
Magistrats, magis rats ; importune vermine
Qui ronge paille et blé, goziers crians famine ;
Perroquets de barreau, Pilates inhumains
Qui condamnent le juste et s’en lavent les mains ;
Avares vendangeurs dont le pressoir dégoutte
Le sang des innocens à la dernière goutte.
Tremblez, juges, tremblez, un grand juge est là haut,
Au tribunal duquel rendre conte il vous faut
De vos concussions, de vos cheres espices.
C’est un linx pénétrant le mur de vos malices.
Un vigilant Argus qui dans vos parlemens
Espie vos conseils, sonde vos jugemens.
Transcrit vos plaidoyers, minute vos sentences,
Calcule vos despens, marque vos diligences
Et prend acte de tout : au reste, un juge droit,
Equitable, severe, et que l’on ne sçauroit
Piper par le babil qu’un advocat regratte
On du latin de Tulle, ou du grec d’Isocratte.
Les souplesses de l’art, eschapades, destroits,
Subterfuges, délais, respits et passe-droits
Ny serviront de rien ; vous serez sans refuge :
Dieu sera le temoing, la partie et le juge.
Là, jugez sans appel et en dernier ressort.
On vous lira tout haut la sentence de mort.
Condamnez h souffrir à tout jamais les peines,
Les feux, les fers, les fouets et les pénibles géhennes
De ceux que vous aurez jugez iniquement.
Et au prince d’enfer exprez commandement
D’exécuter l’arrest et d’horribles tempestes
Fondre ces chastimens sur vos coupables testes.
Lors couleront en vain les larmes de vos yeux
Pour fléchir à pitié le grand prevost des eieux.