Page:Auvray - Le Banquet des Muses, 1865.djvu/21

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Que cest eserit pourtant de l’ennuy ne vous donne,
Car je n’en veux qu’au vice, et non à la personne ;
Ces vers ont de la pointe, et peut estre feront
Venir quelque prurit à ceux qui les prendront
D’une mauvaise main ; mais toute ame bien née
Qui aura de Clio la mamelle emmannée
Succé dès le berceau, sçait bifn comme les Sœurs
Nous tourmentent l’esprit de leurs doctes fureurs,
Et comme le pœte, en sa verve eschauffée.
Ne retient aysement sa fougueuse bouffée,
Joinct que j’atteste ici les grands dieux immortels
Que je n’enten heurter contre vos saints autels

Mais, vendre la justice est un grand sacrilege ;
Ouy, monarques, je dy (l’Escriture est mon pleige)
Que c’est vendre son Dieu ; voici mon argument :
Tout ce qui est en Dieu est Dieu pareillement ;
La justice est en Dieu, justice est donc Dieu mesme,
Et qui justice vend il vend son Dieu supresme.

Si doncques vous laissez ce prodige vivant.
Vos sceptres enrichis des trésors du Levant,
Vos palmes, vos lauriers, vos fortunes sublimes.
Vos orgueilleux chasteaux, dont les luisantes cimes
Portent leurs plaques d’or dedans l’azur des cieux
Ne vous sauveront pas que le grand Dieu des dieux,
Le monarque des rois et le roy des monarques,
N’imprime sur vos fronts les redoutables marques
De ses verges de fer, et n’en face sentir
A vos esprits la-bas un cuisant repentir.
Plustost qu’en déplorer les rigueurs deplorables.
Honorer j’ayme mieux vos grandeurs honorables.
Mais pour vostre respect, je diray seulement
Que les puissans seront tourmentez puissamment.