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Page:Auvray - Le Banquet des Muses, 1865.djvu/24

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Les royautez ne sont qu’honnestes servitudes ;
Plus le royaume est grand, plus de solicitudes
Troublent l’esprit de ceux qui le vont gouvernant.
Hélas ! si l’on sçavoit le peril eminent
Et combien de malheurs accompagnent le sceptre,
Tant s’en faut qu’on voulust le branler dans sa dextre !
Les pieds le fouleroyent, et tant de Phaetons
Du désir de régner ne seroyent si gloutons.

Invincible Louys, dont la gloire animée
Des rois tes devanciers ternit la renommée.
Combien as-tu desja aux sanglants jeux de Mars
(Vainqueur bouleversant les rebelles remparts),
Esprouvé les dangers que traine une couronne !
Cent fois en a fremy l’impiteuse Bellonne,
Et France qui t’a veu si jeune bataillant.
Se souhaittoit alors un prince moins vaillant.
Tant elle avoit de peur que l’orgueilleuse Parque
Triomphast des lauriers d’un si brave monarque,
Et qu’un si beau soleil par un traistre accident
Sans passer au midy courust à l’occident.

Mais, voulez vous, grand roy, que vostre empire dure
Jusqu’à l’eternité, que le destin endure
Souslever jusqu’au ciel vos royalles grandeurs ;
Que le ciel seulement en ses vastes rondeurs
Vos conquestes mesure, et qu’une paix profonde,
R’amenant l’aage d’or, r’ajeunisse le monde.
Le voulez-vous, grand roy ? Faites premierement
Le service divin observer saintement ;
Que justice, partout sans lucre administrée.
Nous révoque des cieux sa sœur la belle Astrée ;
Car si vous desirez régner en seureté,
Il faut que ces deux sœurs soient à vostre costé