Page:Auvray - Le Banquet des Muses, 1865.djvu/30

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Ma muse a fait serment sur la lire d’Orphée
De ne rire qu’en gros de l’erreur des humains ;
Mais si quelque galleux sent sa rongne eschauffée,
Il luy sera permis y porter les deux mains.

Soit que tout roulle à l’advanture,
Soubz le bon plaisir de nature,
Ou que l’autheur de l’univers,
Par sa providenee profonde,
Tienne encor les ressorts divers
De toute la masse du monde.

Que l’inconsideré destin
Face au potiron du matin
Lever ses cornes incongneuës.
Et que le foudre quelquefois,.
Egalle les pins baize-nuës
Aux humbles genièvres des bois.

Qu’aux gens de bien soit importune
L’aveugle et marastre Fortune,
Que les astres impetueux
Créent des rois dans la poussière.
Et qu’ils facent les vertueux
Servir aux meschants de litiere.

Tout cela ne m’estonne point.
Toujours l’esprit en mesme poinct,
Toujours au montant de la gloire
Franc de toutes ambitions,
Et ma plus celebre victoire,
C’est de vaincre. mes passions.

Point d’eclipse, point de nuage,
Toujours un tranquille visage