Page:Avenel - Chansons et chansonniers -1890.djvu/340

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ductions : Mon Voisin, que vingt sociétés chantantes ont entendu et applaudi :


Vous le savez probablement :
Depuis tantôt dix ans j’habite
Le vingtième arrondissement.
On n’y vit pas en cénobite ;
On voisine et de temps en temps
Je vais flâner avec délice
Et passer quelques doux instants
Chez un vieil ami sans malice.
Il me parle des jours passés ,
C’est le seul sujet qui lui plaise.
Eh ! parbleu, vous le connaissez
Mon voisin : le père Lachaise.
Vous fait-il peur ? Sachez-le donc,
Ce n’est pas un vieillard morose.
Dans son jardin, près du chardon,
En juin fleurit aussi la rose.
Puis, le pinson, le rossignol,
En dépit des murs et des grilles,
Lancent, sans dicze ni bémol.
Leurs feux d’artifice de trilles,
Scntez-voiis l’espoir chanceler
Dès que sur vous le malheur pèse ?
Il est prêt à vous consoler.
Mon voisin le père Lachaise.
Incapable d’une noirceur.
Et muet, malgré son mérite,
Il ne fut jamais confesseur
D’un roi ni d’une favorite.
De reproches et de sermons
Il n’a pas la tôte remplie ;
Des vains hochets que nous aimons
Il nous pardonne la folio.