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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/32

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Parlement de Paris de 1775 à 1789 portant condamnation on suppression de 65 écrits déclarés dangereux.

Nous signalerons parmi ces écrits : la Diatribe de Voltaire, destinée à défendre les lois économiques de Turgot, la libre circulation et le libre achat des blés ; les Inconvénients des droits féodaux, avec cette épigraphe : Hinc mali labes, brochure de Boncerf inspirée par Turgot et publiée sous le pseudonyme significatif de Francaleu (franc alleu) ; le Mémoire justificatif pour trois hommes condamnés à la roue, pamphlet célèbre dirigé par Dupaty, président au Parlement de Bordeaux, contre la législation criminelle de l’ancien régime, la procédure secrète, l’interrogatoire secret, le jugement sans contradiction et sans l’assistance d’un défenseur, etc., etc.

Et cependant, par un de ces revirements inexplicables qui ressemble à une cruelle ironie, le Parlement de Paris, à la veille de la réunion des États Généraux, dans un arrêté fameux du 5 décembre 1788, réclame lui-même « la liberté légitime de la Presse, seule ressource prompte et certaine des gens de bien contre la licence des méchants, sauf à répondre des écrits répréhensibles après l’impression, suivant l’exigence des cas ». L’opinion publique jugea sévèrement cette volte-face incroyable, qu’elle qualifia de palinodie honteuse. Il y avait là toutefois comme un signe des temps, un aveu d’impuissance et une sorte d’abdication en faveur des idées nouvelles.

Nous n’avons guère parlé jusqu’ici que des livres, brochures, libelles et gravures. Il nous faut maintenant revenir un peu sur nos pas, pour dire brièvement l’origine du journal et ses développements en France, avant 1789.

Le fondateur du journalisme français fut un jeune médecin originaire de Loudun, Théophraste Renaudot[1]. Le premier numéro de sa fameuse Gazette parut le 1er mai 1631. Richelieu n’hésita pas à donner

  1. Dans une thèse soutenue en Sorbonne, en 1896, M. l’abbé Dedouvres, qui avait choisi pour sujet le Père Joseph polémiste, a prétendu que le terrible capucin était le premier en date des journalistes français. Il s’est appuyé sur une longue liste de pamphlets anonymes destinés à défendre la politique de Richelieu et publiés par le Mercure français. Ces pamphlets semblent devoir être attribués au P. Joseph.
    On sait que le Mercure français était un recueil historique, paraissant en principe tous les ans, mais qui n’a en que vingt-quatre volumes de 1615 à 1643 ; c’est ce qu'on appellerait aujourd’hui une Année politique. Cette sorte de compilation