Page:Aventure n° 3, jan 1922.djvu/33

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Nuit


Une femme brune qui se faisait appeler Diana, m’avait entraîné vers certain petit bar équivoque où bien des choses en ce soir me devinrent étranges. De la suivre, tout d’abord, je n’avais eu aucune joie. Elle me conseilla son cocktail favori. On le baptisait « chinois », sans doute parce que se décorait d’arabesques compliquées — or sur fond rouge — l’établissement qui s’en était fait une spécialité, ou bien peut-être à cause du barman dont la peau safranée, l’impeccable veste de toile blanche et les gestes aux précisions menues étaient d’Extrême-Orient. De parti pris, j’avais déclaré insignifiante la conversation de Diana. Trop heureux d’avoir trouvé un prétexte pour contre elle défendre et fixer mon attention, je méditais longuement la nationalité probable de ce barman. En dernière analyse, l’état civil m’avait tant réservé d’inattendues révélations au sujet des « Carmen », « Mercédès » et « Jenny », qu’un scepticisme ethnographique me le fit croire d’un faubourg terne. Je le tins redevable de sa pigmentation à quelque maladie de foie, et de l’harmonie en ses gestes, au jazz-band, dont