Page:Aventure n° 3, jan 1922.djvu/37

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d’étranges parfums fait à la fois très douce et très cruelle…

Mon ami Jean nous a rejoints. Il me réprimande. Pourquoi ? Il paraît qu’en répétant « je suis lucide, je suis lucide », tandis que Diana et lui s’occupaient à flirter j’ai déchiré en fines lanières le cuir délicat d’un étui à cigarettes. Je me fâche. Comment, vous caressiez Diana, et vous m’en voulez d’avoir cherché une attitude détachée parce que ce fut aux dépens d’un morceau d’antilope. Vous êtes en vérité peu galant homme. N’insistez pas. Je sais ce que je dis et n’ai pas oublié qui je suis. La jeune fille que j’aimais vient de partir pour l’Engadine avec son fiancé. Si je suis à Paris, c’est que j’étais trop triste pour aller vers les palaces exubérants, ou les campagnes satisfaites. Je n’ai pas honte à le dire. Devant la terre assemblée je répéterai qu’à elle seule cette infidèle incarne toute la cruauté féminine.

Tout à coup au travers d’un brouillard lumineux, je m’étonne de voir à la place d’ampoules électriques des rats marcher au plafond. Jean, ne haussez pas les épaules en répétant « Il visionne ». J’ai vu des rats, je le sais et aussi que vous et Diana concevez de machiavéliques machinations. J’entends « le mieux est qu’il aille se coucher ». Je n’ai pas envie d’être séquestré, d’un bond je me lève. Je suis dehors.

Il fait enfin frais dans la rue. Elle luit des reflets du gaz. Elle est le dos d’un serpent. Sur un corps invertébré, elle se tend, peau qui doit être froide