mettre, nous reprendrions notre route.
— Attends un moment, dit Auberon ; je ne veux pas que tu partes sans emporter quelques présents.
Gloriant, apporte-moi mon hanap.
Quand il l’eut à la main :
— Huon, dit-il, regarde ce hanap : tu vas y éprouver ma grande puissance. Tu vois ce hanap vide ? Eh bien ! regarde.
Il le pose sur la table, il fait un signe de croix au-dessus, et le hanap s’emplit d’un vin frais et vermeil.
— Tu vois, Huon, la vertu de ce hanap. Sache que si tous ceux qui sont vivants étaient ici, et que tous les morts fussent ressuscités, ce hanap leur fournirait à tous autant de vin qu’ils en pourraient souhaiter. Mais il a une dignité plus haute encore : nul n’y peut boire s’il n’est prud’homme et pur de péché mortel. Dès qu’un méchant veut s’en servir, le hanap perd toute sa vertu. Essaye-le : si tu peux y boire, je te le donnerai.