Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/214

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— Non, dit Huon : c’est votre péché. Posez-le : il n’est pas fait pour vous, car il est si noble que nul n’y peut boire s’il n’est prud’homme et net et pur de péché mortel. Ah ! sire amiral, prenez pitié de votre âme ; laissez là Mahomet, qui ne vaut et ne peut rien ; croyez en Dieu : vous serez sauvé dans ce monde et dans l’autre ; et si vous ne voulez pas le faire, prenez garde : il va s’assembler ici tant d’hommes armés que la ville en sera toute pleine.

— Entendez-vous cet insensé ? dit l’amiral. Je l’ai gardé un an dans ma prison sans que personne vînt le réclamer, et il se vante de faire de moi ce qu’il voudra ! Par Mahomet ! je m’émerveille de sa folie. Où sont donc ces gens qui vont venir à son aide ?

— C’est votre dernier mot ? dit Huon.

— À coup sùr.

— Eh bien ! vous vous en repentirez. Il prit le cor que Géreaume lui tendit, il le mit à sa bouche et le sonna hautement.