Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/323

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mes dans la ville les poings liés et les yeux bandés ; j’ouvris le côté de Géreaume, j’en tirai les moustaches et les dents. Si vous le voulez, je vais aller vous les chercher.

— Tu ne m’échapperas pas ainsi, dit Auberon ; continue.

— Eh bien ! je mis mon frère en prison, puis je m’en retournai à l’abbaye avec mon beau-père. Nous demandâmes à l’abbé les richesses que Huon lui avait confiées, et, comme il nous les refusait, nous le tuâmes et nous fîmes un autre abbé, que voilà. Du trésor de l’abbaye je fis charger dix sommiers et je les conduisis à la cour, où j’en fis largesse. Je croyais bien que Huon serait mis à mort et que j’aurais son héritage. C’est une grande trahison ; mais c’est Gibouard de Viésmés qui me l’a fait faire. Sans lui je n’en aurais pas eu l’idée.

— Sois tranquille, lui dit Auberon : la potence sera pour vous deux, et on n’oubliera pas l’abbé et son moine, pour