tous et laissons là ce roi qui est retombé en enfance. Aucun loyal baron ne peut plus rester à sa cour. Puisqu’il déshérite ainsi un de nos pairs et qu’il ne veut pas en faire un juste jugement, il peut en faire autant demain à chacun de nous.
Les pairs se lèvent, ils sortent de la grande salle, le duc Naimes marchant le premier. Le roi Charles se trouve seul ; il n’a avec lui que de jeunes bacheliers. Charles voit s’éloigner les pairs ; ses yeux s’emplissent de larmes ; il s’écrie :
— Hélas ! que je suis malheureux ! Mon fils est mort, et mes barons m’abandonnent ! Il me faut faire leur volonté.
Il descend de son siège, il les rappelle.
— Barons, dit-il, revenez : je ferai ce qui vous plaît. Je le vois bien, quand je l’aurais juré cent fois, vous me forceriez à me parjurer.
Les barons l’entendent ; ils rentrent dans la salle et s’asseyent sur les bancs. Le roi reprend sa place et caresse sa barbe blanche.