Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/75

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diront que la vieillesse vous a fait perdre le sens. Personne ne tiendra plus compte de vos jugements. Je vous en supplie encore, rentrez en vous-même et faites justice à ce jeune homme.

— Naimes, dit Charles, vous parlez en vain. Bientôt va venir l’hiver, et le grand jour de Noël, et ce jour-là le duc de Bordeaux doit, de par son fief, me servir à mon dîner. Comment pourrais-je voir devant moi le meurtrier de mon fils ?

— Sire, dit Huon, vous ne me verrez jamais si vous voulez. Bordeaux est loin de Paris : rendez-moi ma terre, et je renonce à mon fief de cour. Donnez-le à mon frère Gérard.

— Toutes tes paroles sont inutiles, dit le roi : jamais tant que je vivrai tu ne tiendras un pied de ta terre.

— Sire, dit Naimes, est-ce votre dernier mot ?

— Oui, dit Charles, sur mon salut.

— J’en ai grand deuil, dit Naimes. Seigneurs pairs de France, levez-vous