Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/8

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le Chauve et non sous Charlemagne, — de s’exiler en Italie pour avoir tué un comte dans le palais même de l’empereur, s’était mêlée avec celle d’un autre personnage, qui avait tué, lui, en état de légitime défense, le jeune roi Charles, fils de ce même Charles le Chauve, et qui dut également passer les Alpes. L’histoire ainsi constituée avait un caractère sérieux et même austère : notre poète l’a complètement transformée, d’abord en rejetant dans un Orient imaginaire et fantasque la scène des aventures de son héros, mais surtout en y introduisant le personnage d’Auberon avec tous ses enchantements. Il paraît l’avoir emprunté à une tradition d’origine germanique : on retrouve Auberon dans un poème allemand du treizième siècle où il s’appelle Alberich, est roi des nains, et joue auprès du jeune Ortnit, cherchant aventure en Orient, un rôle très analogue à celui qu’il joue chez nous auprès de Huon. Mais notre « trouveur » a donné à son roi de Féerie un charme qui est bien à lui et dont la douce magie a su gagner les cœurs fort au delà du cercle d’auditeurs auquel songeait le vieux poète français. À travers les transformations des idées, des sentiments, des mœurs et des littératures, la figure du « petit roi sauvage » aux longs cheveux d’or, au visage d’enfant « plus beau que le soleil en été », — mélange exquis de force et de grâce, de puissance et de bonté, de majesté et de malice, a gardé tout son attrait et toute sa fraîcheur. Après avoir enchanté