Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/123

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des amusements. Votre lettre est très-belle ; mais j’ai chez moi une de mes nièces qui, depuis trois semaines, est dans un assez grand danger ; je suis garde-malade, et très-malade moi-même..... » C’était tout simplement une fin de non-recevoir ; Voltaire n’était pas plus malade qu’à l’ordinaire. On sait que durant quatre-vingt-quatre ans il a eu un pied dans la tombe ; seulement ces deux esprits n’étaient pas de même trempe : tandis que l’un demandait des arguments, l’autre cherchait des consolations…[1] De plus, on ne possédait pas à cette époque, la méthode qui a posé les vraies bornes des acquisitions scientifiques ; Diderot lui-même, si avancé à d’autres égards, croyait à l’existence d’une loi générale, dont toutes les autres devaient découler, et à la connaissance de laquelle on pouvait parvenir.

Au moment où Voltaire se brouillait avec Rousseau, ses relations avec notre Philosophe devenaient plus fréquentes et plus affectueuses, grâce à un nouvel adhérent que venait de faire l’école

  1. Quand plus tard, Voltaire reçut les Lettres de la montagne et qu’il y lut l’apostrophe qui le concerne, il entra dans une grande fureur contre Rousseau. « Ah ! le scélérat ! ah ! le monstre ! il faut que je le fasse assommer..... oui, j’enverrai le faire assommer dans les montagnes entre les genoux de sa gouvernante..... — Calmez-vous, lui dit-on, Rousseau se propose de vous faire une visite, il viendra dans peu à Ferney. Mais comment le recevrez-vous ? — Comment je le recevrai ? Je lui donnerai à souper, je le mettrai dans mon lit et je lui dirai : Voilà un bon souper ; ce lit est le meilleur de la maison ; faites-moi le plaisir d’accepter l’un et l’autre et d’être heureux chez moi. » (Correspondance de Grimm. Janvier 1766.)