Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/247

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et une prestesse qui lui étaient particulières. Ils avaient un cachet d’originalité fine et profonde : « Qui est-ce qui est heureux ? Quelque misérable » est une de ses meilleures reparties. »

Le principal personnage de cette étude allait, à son tour, bientôt disparaître. La perte de son amie, la mort de sa Sophie, avait dû lui porter le coup le plus funeste. Pour se distraire et pour satisfaire le désir qu’il avait depuis longtemps de justifier un ancien d’une accusation qu’il croyait injuste, il entreprit la réhabilitation de Sénèque. Ce livre eut, dès sa publication, le plus grand retentissement. Ce qui contribua principalement à l’impression immense qu’il produisit, fut la note qu’il contenait contre Rousseau, et par laquelle le Philosophe indigné, voulut venger les victimes de la méchanceté ou de la folie de Jean-Jacques. Dévots et dévotes du citoyen de Genève jetèrent les hauts cris à la lecture de ces lignes vengeresses ; mais le Philosophe ne répondit à ces clameurs que par ces mots, qui peuvent servir d’épitaphe à Rousseau :

« On a dit que ma sortie s’adressait à Jean-Jacques Rousseau. Ce Jean-Jacques a-t-il fait un ouvrage tel que celui que je désigne ? a-t-il calomnié ses amis ? a-t-il décelé l’ingratitude la plus noire envers ses bienfaiteurs ? a-t-il déposé sur sa tombe la révélation des secrets confiés ou surpris ? Je dirai, j’écrirai sur son monument : Ce Jean-Jacques fut un pervers. N’a-t-il rien fait de pareil ? Ce n’est plus de lui que je parle. Censeurs ! j’ai ébauché une tête hideuse, et vous avez écrit le nom du modèle