Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/36

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justice et reconnaissance. « Quel avantage, dit-il, n’aurait-ce pas été pour nos pères et pour nous, si les travaux des peuples anciens, des Égyptiens, des Chaldéens, des Grecs, des Romains, avaient été transmis dans un ouvrage encyclopédique ! Faisons donc pour les siècles à venir ce que nous regrettons que les siècles passés n’aient pas fait pour le nôtre. »

Le Discours préliminaire de l’Encyclopédie, écrit par d’Alembert, outre l’exposé du but de l’entreprise et le résumé des grands résultats scientifiques ou philosophiques obtenus à l’époque où il paraissait, renferme aussi une tentative de hiérarchie des sciences sur le modèle de celle de Bacon. Or, un tel projet devait nécessairement avorter. Quiconque eût bien connu alors la situation de l’esprit humain aurait senti que l’entreprise était prématurée, et qu’elle ne pouvait être tentée que lorsque toutes nos conceptions seraient devenues positives. Les sciences qui forment l’ensemble du savoir humain n’étant pas constituées, leur dépendance mutuelle ne pouvait être aperçue, et il était, dès lors, impossible de procéder à une vraie classification fondée sur l’étude même des objets à classer. Au moment où l’Encyclopédie était publiée, il manquait, en effet, les quatre dernières branches de l’arbre encyclopédique, ajoutées plus tard par Lavoisier, Bichat, Gall et Auguste Comte[1]. On ne

  1. Voy. la Philosophie positive d’Aug. Comte condensée par miss Martineau, traduction de Ch. Avezac-Lavigne.