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Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/39

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tance qu’en se liant aux êtres extérieurs. Cette liaison se fait, ou par une chaîne interrompue d’expériences, ou par une chaîne interrompue de raisonnements qui tient d’un bout à l’observation et de l’autre à l’expérience ; ou par une chaîne d’expériences dispersées d’espace en espace entre des raisonnements, comme des poids sur la longueur d’un fil suspendu par ses deux extrémités. Sans ces poids, le fil deviendrait le jouet de la moindre agitation qui se ferait dans l’air. »

De même que pour Diderot, l’année 1749 est, dans la vie de Rousseau, d’une importance considérable. Non-seulement, ainsi que nous l’avons vu, il avait composé, pendant la détention de son ami, le discours contre les arts et les sciences ; mais il était entré au printemps de cette année, par l’intermédiaire de M. de Francueil, dans une société qui devait exercer sur une grande partie de sa vie l’influence la plus décisive : nous voulons parler de la maison de madame d’Épinay.

Louise-Florence-Pétronille d’Esclavelles avait vingt ans quand elle épousa, le 23 décembre 1745, son cousin, M. d’Épinay, âgé de vingt et un ans, et fils aîné de M. la Live de Bellegarde, fermier général[1]. Cette union, formée sous les plus heureux auspices, fut troublée, dès le début, par la faute de

  1. On trouve, dans la Vie privée de Louis XV, cette notice sur le père de M. d’Épinay : « La Live de Bellegarde a, pour ainsi dire, été élevé et nourri dans les emplois des fermes générales. Il y a travaillé fort jeune et s’y est tellement distingué par son intelligence, qu’il devint directeur-général, et fut nommé fermier général en 1721, et continué dans les baux suivants. Il est