Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/47

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l’impression du plaisir qu’on y avait goûté, on était disposé à la Cour à donner une pension à l’auteur. Mais l’orgueil de Rousseau détruisit ces bonnes intentions, et c’est de là que date son premier désaccord avec le Philosophe. Diderot, sans doute, ne lui fit pas un crime de n’avoir pas voulu être présenté au roi ; mais il lui en fit un de son indifférence pour la pension. Il lui dit que s’il était désintéressé pour son compte, il ne lui était pas permis de l’être pour celui de Thérèse et de sa vieille mère, madame Levasseur ; qu’il leur devait de ne négliger aucun moyen honnête de leur donner du pain.

Ces conseils de Diderot étaient tout à fait raisonnables et ils auraient dû être écoutés, surtout si l’on considère que celui qui les donnait faisait à madame Levasseur, et à l’insu de Jean-Jacques, une pension de cinquante écus[1].

Malgré de légères disputes où se révélaient de temps en temps le caractère insociable de Rousseau, il ne cherchait pas encore à s’éloigner de ses amis et se plaisait au contraire à les faire admettre dans les sociétés où il était reçu. C’est ainsi qu’il venait d’introduire dans la maison de madame d’Épinay, Grimm, qui ne devait pas tarder à supplanter M. de Francueil dans les bonnes grâces de cette dame.

    à l’Opéra, un railleur jeta sur la scène, aux pieds de Colette, une énorme perruque poudrée à blanc. Depuis cette soirée, la pièce de Rousseau n’a plus été représentée sur ce théâtre.

  1. Cet article était porté sur ses tablettes de dépense. Voy. les Mémoires sur Diderot, par madame de Vandeul.