Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/57

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la Nécessité d’être inconstante[1] ne s’était pas, paraît-il, borné à une déclaration platonique de ce beau principe. Mais, quoi qu’en ait dit madame de Vandeul, cette aventure n’amena pas sa rupture avec Diderot, qui n’a cessé de la voir que longtemps après. Avant qu’il la quittât, il l’avertissait quelquefois : « Prenez garde, Madame, lui disait-il, vous vous défigurez dans mon cœur ; il y a là une image à laquelle vous ne ressemblez plus. »

Pendant l’année 1756, il termina le Fils naturel. Sur le point de le livrer à l’impression, il écrivit à Grimm, alors à la Chevrette, pour le prier de venir à Paris, afin de revoir ensemble cet ouvrage. Grimm, qui s’était promis de rester tout l’automne à la campagne avec son amie, fit à Diderot la proposition d’y venir passer les huit jours qu’il jugeait nécessaires à cette révision. « M. Diderot, dit madame d’Épinay, se défendit avec effroi de cette proposition, » et elle perdit ainsi l’occasion de faire connaissance avec un homme « qu’elle regardait comme le génie le plus profond du siècle. » À défaut de l’auteur, Grimm s’adjoignit, pour ce travail, un homme de lettres de la société du baron, le poète Desmahis[2].

Peu de temps après, Diderot fit paraître sa pièce qui, au dire de madame d’Épinay, eut le plus grand

  1. Roman de madame de Puisieux. Il y a dans un autre roman de cette dame intitulé : Zamor et Almanzine, une réflexion d’une naïveté précieuse : « La princesse s’ennuyait fort au sérail : le moyen de ne pas périr d’ennui avec des eunuques. »
  2. Auteur de l’Impertinent, son meilleur ouvrage et des articles