Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/59

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avec tous ses incidents caractéristiques ; certes, l’entreprise était louable et nous l’avons vu réaliser depuis avec le plus grand succès ; mais, pour l’exécuter, il manquait au philosophe cette faculté de transformation indispensable à l’auteur dramatique. L’abbé Arnaud lui disait : « Vous avez l’inverse du talent dramatique : il doit se transformer dans tous les personnages, et vous les transformez tous en vous. »

Les représentations que Diderot avait adressées à Rousseau, au sujet de sa passion extravagante et de la réclusion à laquelle il condamnait Thérèse et sa vieille mère à l’Ermitage, avaient un moment troublé la bonne entente qui avait jusqu’alors presque toujours régné entre eux. Mais Jean-Jacques, s’étant engagé à faire des excuses à Saint-Lambert, les relations se rétablirent comme par le passé avec tous ses amis. Il était même retourné chez le baron d’Holbach, qui lui fit bon accueil ; la baronne, seule, la seconde femme de d’Holbach, le reçut très-froidement, et il ne reconnut plus cette aimable Caroline, qui marquait pour lui tant de bienveillance quand elle était fille. Enfin, comme pour mieux cimenter la réconciliation, Saint-Lambert, en arrivant de l’armée alla, en compagnie, de madame d’Houdetot, le visiter à l’Ermitage.

Tout sujet de brouille paraissait donc écarté, quand un incident inattendu vint tout bouleverser. Madame d’Épinay annonça qu’elle voulait aller à Genève consulter le fameux docteur Tronchin. Or, ce départ devait être la cause de la rupture définitive de