Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/68

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la lui renvoya en lui témoignant l’indignation que lui inspirait sa conduite.

Mais Jean-Jacques avait pris son parti ; il voulait se séparer de tout ce qui, de près ou de loin, tenait à la société des philosophes ; à Marmontel même, avec qui jusqu’alors il avait eu des relations amicales, et qui n’était pour rien dans les événements qui avaient mis les choses au point où elles étaient, il envoya sa Lettre sur les Spectacles, accompagnée d’une note tout au moins inconvenante : « Cet hommage n’est pas, disait-il, pour l’auteur du Mercure[1], mais pour M. Marmontel. »

Quant à d’Alembert, la Lettre de Rousseau n’était pas sa seule préoccupation. Il avait, par son article sur Genève, ameuté contre lui une compagnie remuante qui ne paraissait pas disposée à le laisser en paix. Les pasteurs consentaient bien à passer pour sociniens et même pour déistes en petit comité, mais ils ne tenaient pas à ce qu’on publiât ainsi leurs opinions. En conséquence, ils rédigèrent une protestation dans laquelle ils dénonçaient comme infidèle et calomnieuse la peinture que d’Alembert avait faite de leur église, et en même temps ils faisaient agir auprès du gouvernement français pour l’amener à sévir contre l’auteur de l’article.

De sa résidence des Délices, Voltaire avertissait

  1. Marmontel avait obtenu le brevet du Mercure qu’il dirigeait avec Suard. Il le perdit sur le soupçon d’avoir fait la parodie de Cinna dans laquelle se trouvaient des allusions blessantes à un homme puissant.