Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/82

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croyait pouvoir lui être utile, on aurait pu toujours ignorer le secret de sa vaste érudition.....

» J’ai toujours été frappé du rapport qu’il y avait entre le caractère de sa figure et celui de son esprit. Il avait tous les traits assez réguliers, assez beaux, et ce n’était pourtant pas un bel homme. Son front, large et découvert comme celui de Diderot, portait l’empreinte d’un esprit vaste, étendu ; mais moins sinueux, moins arrondi, il n’annonçait ni la même chaleur, ni la même énergie, ni la même fécondité ; son regard ne peignait que la douceur, la sérénité habituelle de son âme. »

Riche d’une fortune de 60,000 livres de rente, personne ne l’employait plus noblement ni surtout plus utilement que d’Holbach. Helvétius, plus riche et plus magnifique, ne s’inquiétait pas, quand il donnait, de savoir à qui et pour quelle destination ; le baron, au contraire, voulait que ses libéralités aient un bon emploi. Il disait à Helvétius : « Vous êtes brouillé avec tous ceux que vous avez obligés, et moi j’ai conservé tous mes amis. »

Tous les dimanches, il y avait grand dîner dans sa maison de la rue Royale, où il réunissait nombre de savants et d’artistes ; mais c’était le jeudi, jour de synagogue, que se rencontraient chez lui les initiés de l’Encyclopédie ; puis, dans la belle saison, les intimes, comme Diderot, Grimm, Galiani, Georges Leroy, Saint-Lambert, etc., allaient passer, avec sa famille, quelques jours au Grand-Val. Devenu veuf de très-bonne heure, il avait épousé la sœur de sa première femme, la charmante Caroline,