Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/86

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tenu sur la réserve à l’égard du baron, était un des hôtes les plus assidus de madame Geoffrin. Il était le plus gai, le plus animé, le plus amusant dans sa gaieté : « Après avoir passé sa matinée à chiffrer de l’algèbre et à résoudre des problèmes de dynamique ou d’astronomie, il sortait de chez madame Rousseau, la vitrière, comme un écolier échappé du collège, ne demandant qu’à se réjouir ; et, par le tour vif et plaisant que prenait alors cet esprit si lumineux, si profond, si solide, il faisait oublier en lui le savant pour n’y plus laisser voir que l’homme aimable[1]. »

Sans aucune teinture ni des arts, ni des lettres, madame Geoffrin se trouvait également à l’aise dans ses deux sociétés du lundi et du mercredi. Elle avait le bon esprit de ne parler que de ce qu’elle savait bien, un grand tact pour remettre la conversation dans la voie où elle désirait la maintenir ; mais, au dire de Marmontel, on ne trouvait pas chez elle la liberté philosophique que recherchaient les habitués du Grand-Val.

Si l’on s’en rapporte à la boutade de Greuze : « Mort Dieu ! si elle me fâche, je la peindrai ! » madame Geoffrin devait être laide ; mais elle corrigeait ce défaut en s’habillant avec une sorte de simplicité élégante, qui faisait de sa mise un modèle de bon goût[2]. Elle avait un travers qui,

  1. Mémoires de Marmontel.
  2. Voir la lettre de Diderot, du 19 septembre 1767, où il dit : « Madame Geoffrin fut fort bien ; je fis un piquet avec elle,