Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/94

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de Grimm, avec le duc de Saxe-Gotha et d’autres souverains du Nord, il pouvait donner tout son temps à l’Encyclopédie. À la fin de 1759, la besogne qu’il s’était attribuée, dans le partage des matières à traiter, était presque terminée ; il ne lui restait plus à composer que trois morceaux de philosophie.

La mesure dont ce grand ouvrage venait d’être l’objet n’avait pas désarmé les dévots ; non contents des rigueurs du pouvoir, ils voulaient encore soulever contre les philosophes l’opinion publique. Déjà, nous avons vu d’Alembert signaler à Voltaire la publication d’écrits périodiques, où les encyclopédistes étaient attaqués avec la dernière indécence ; mais il fallait les traîner sur la scène, et les rendre odieux et ridicules aux yeux de tout Paris. Cette besogne malpropre exigeait un homme ayant toute honte bue. Palissot, grassement payé par le duc de Choiseul, s’en chargea et fit la comédie des Philosophes.

Le privilége accordé à cette pièce est daté du 10 mai 1750 et signé par Crébillon. Elle était précédée d’une préface dans laquelle l’auteur se défendait d’avoir eu en vue quelques écrivains qui, par leur position, exigeaient des ménagements. Il cherchait surtout, au moyen d’adroites flatteries, à calmer Voltaire, avec lequel il prévoyait bien qu’il aurait mailles à partir. En outre, il essayait de justifier ses attaques en reproduisant, à côté d’extraits tirés des Considérations sur les Mœurs de Duclos, de l’Encyclopédie et de l’Interprétation