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Page:Aviler - Dictionnaire d’architecture civile et hydraulique.djvu/54

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& qui ſe pratique ou pour quelque raccordement, comme les deux petites arcades des aîles du veſtibule du Palais Farnèſe, raccordées avec celles de l’Ordre Dorique du portique de la cour, ou pour en faire un fond de quelque ſujet de Sculpture, comme les deux tribunes feintes de la Chapelle de Cornaro à l’Egliſe de Sainte-Marie de la Victoire à Rome.

Architecture feinte. C’eſt une Architecture, en peinture, qui fait paroître les ſaillies, mit en griſaille ou colorée de divers marbres & métaux, comme on le pratique en Italie aux façades des Palais, & particulièrement ſur la côte de Gênes. Telle eſt auſſi l’Architecture des Pavillons de Marli. On fait cette peinture à freſque ſur les murs enduits, & à l’huile ſur ceux de pierre.

On comprend auſſi ſous le nom d’Architecture feinte, les perſpectives peintes. contre les pignons des murs mitoyens, comme celle des Hôtels de Fieubet, de S. Pouanges, &c. peintes par M. Rouſſeau.

On appelle encore Architecture feinte, celle qui eſt établie ſur un bâti de charpente légère, & faite de toiles peintes ſur des chaſſis formés de tringles ; en-ſorte que les corps, colonnes, pilaſtres & autres ſaillies paroiſſent de relief. Les corniches ſont quelquefois même réelles, & on fait ordinairement les baſes, chapiteaux, maques, trophées, &c. de carton moulé. On conſtruit ſur un manequin d’oſier les figures qui accompagnent cette ſorte d’Architecture. On moule enſuite de plâtre les parties de ces figures, & on trempe leurs draperies de toile dans du plâtre clair. Enfin on peint le tout en couleur de divers marbres & métaux.

L’Architecture feinte ſert aux décorations des Théâtres, Arcs de triomphe, Entrées publiques, Feux d’artifice, Fêtes, Pompes funèbres, Catafalques, &c.

Architecture gothique. C’eſt une Architecture qui, quoiqu’éloignée des proportions antiques, & ſans correction de profils, ni bon goût dans ſes ornemens chimériques, a toutefois beaucoup de ſolidité & de merveilleux, à cauſe de l’artifice de ſon travail, comme on le peut aux Egliſes Métropolitaines & Cathédrales de Paris, de Reims, de Chartres, de Straſbourg, &c. Cette Architecture eſt originaire du Nord, d’où les Goths l’ont introduite premièrement en Allemagne, & enſuite dans les autres parties de l’Europe. Les ouvriers l’appellent Architecture moderne.

Architecture moreſque. Maniere de bâtir avec auſſi peu de deſſein que dans l’Architecture Gothique, à laquelle elle a quelque rapport par la délicateſſe de ſes portiques & galeries, mais dont les dehors ſont percés de petits jours, autant pour la fraîcheur que pour la ſûreté ; & les dedans au contraire fort ouverts & décorés de compartimens de carreaux de diverſes couleurs, avec des Moreſques & Arabeſques, C’eſt de cette Architecture qu’on a tiré les loges, balcons, perrons & autres parties ſaillantes au-delà des murs de face. Les plus beaux édifices de cette eſpece ſont les palais des Cherifs à Maroc en Afrique, & quelques-uns de Grenade en Eſpagne, que les Mores y ont bâti lorſqu’ils en étoient les maîtres.

ARCHITECTURE HYDRAULIQUE, ſ. f. L’art de bâtir dans l’eau, & d’en rendre l’uſage plus aiſé & plus commode. Elle a pour objet principal la conſtruction des ponts, chauffées, quais, digues, aqueducs, écluſes, moulins, &c. (Voyez Pont, Chauſſée, Quai, Digues, Aqueduc, Ecluſe, Moulin, &c.) On y traite encore du cours naturel & artificiel de l’eau, tant pour rendre les eaux navigables, que pour les conduire aux différens endroits où elles ſont néceſſaires. (V. Amaſſer, Ajutage, Canal.) MM. Belidor, (Architecture hydraulique, 4 vol. in-4o.) Gautier, (Traité des Ponts, Chauſſées, &c.) Leopold, (Theatrum Pontificale, & Theatrum machinale) Stevin, (Fortification par Ecluſes,) &c. ont écrit particulièrement ſur l’Architecture hydraulique.

ARCHITRAVE, f. m. C’eſt le nom de la principale poutre ou poitrail, qui porte horizontalement ſur des colonnes, & qui fait la première partie de l’entablement. Comme les Anciens donnoient peu d’eſpace à leur entre-colonnement, leur Archi-

trave