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Chacun sait également, d’après les lettres de Mme de Sévigné, qu’elle siégeait aux États de Bretagne, et Mlle Daubié[1] nous raconte comment les abbesses de Remiremont et leur doyenne jugeaient dans le district étendu de l’abbaye, et, jusqu’en 1789, votaient avec leurs chanoinesses, pour les députés aux États de Lorraine.

Mais ce ne sont là que de rares exceptions, des privilèges accordés aux femmes de la noblesse ; et, bien que les poètes la chantent, louent sa beauté souvent, ses vertus parfois, la femme en général reste asservie, opprimée, privée de toute instruction. Au xviie siècle, Molière rend bien encore l’esprit de son époque lorsqu’il dit :

…Une femme en sait toujours assez
Quand la capacité de son esprit se hausse
À connaître un pourpoint d’avec un haut de chausse.

Enfin, le xviiiee siècle, si novateur pourtant, reste souvent hostile à la femme. Voltaire et Diderot la persiflent, et J.-J. Rousseau s’il l’exalte, ce n’est guère que comme reproductrice ou instrument de plaisir.

Pourtant, combien nombreuses avaient été les femmes qui, jusque-là, s’étaient, à travers les siècles, distinguées par leur intelligence, leur savoir.

Sans vouloir remonter jusqu’à la légendaire Sémiramis ou à Hypatie, la célèbre mathématicienne d’Alexandrie, ne trouvons-nous pas, assez près de ces hom-

  1. La Femme pauvre au XIXe siècle.
    Avril de Ste Croix.