Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/37

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J.-J. Rousseau lui suppose aussitôt les sentimens qu’il aurait à sa place, c’est-à-dire, un dévouement chevaleresque, une disposition à tout braver, tout sacrifier en sa faveur. Une lettre insultante est répandue ; l’âme de Rousseau en est navrée ; M. Hume ne s’échauffa point contre l’auteur ; rien ne y oblige. Rousseau s’en étonne, bientôt s’irrite, s’indigne, fait des scènes qui semblent montrer un ingrat atrabilaire, et qui sont uniquement celles d’un sensible et généreux enfant.

On a reproché à J.-J. Rousseau d’avoir divulgué, en écrivant ses Mémoires, bien des choses peu honorables pour plusieurs personnes avec qui il avait eu des relations, et dont il devait présumer que la volonté était de demeurer inconnues. On a ajouté que ses jugemens ayant été fréquemment le fruit, sinon de ses ressentimens et de ses passions, du moins de son imagination abusée, ombrageuse et inquiète, ceux de ces jugemens qui ont été flétrissans n’ont pas été justes, et qu’ainsi il a eu le tort de la calomnie, outre celui de l’indiscrétion.

Sans doute, quelques personnes existant encore, et les enfans ou les amis de quelques autres, ont eu le droit de se plaindre des confidences publiques faites par J.-J. Rousseau ; et,