Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/134

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sans la moindre difficulté, mais son départ pour Berlin, qui devait être fixé, naturellement, par le ministre allemand, fut retardé de quelques jours. Enfin, M. Hintermann put quitter la Suisse sur un train à destination de Berlin, mais à la première gare sur le territoire allemand, il fut appréhendé au corps par deux casques à pointe. On l’emmena dans la gare, et là, M. Hintermann, en promenant ses regards un peu partout, remarqua sur la table du chef de gare une dépêche venant de Suisse le concernant. On l’emmena à Berlin où il fut enfermé dans la prison de la rue Dirksen. Nous étions là.

Sur la porte de sa cellule, on avait écrit : H. Hintermann, englander, c’est-à-dire sujet britannique. Ce ne fut pas long avant que M. Hintermann eût rayé le mot englander et y eût substitué la désignation correcte de sa nationalité qui était suisse. On changea plusieurs fois la carte servant à le désigner, et qui était collée sur sa porte, mais le mot englander y était toujours mystérieusement effacé et remplacé par le mot propre.

J’ai connu M. Hintermann intimement. Je sais qu’il n’a jamais été naturalisé en Angleterre, mais le gouvernement suisse et le gouvernement allemand ont été mis sous l’impression, facilement je dois le dire, qu’Hintermann était devenu sujet britannique. Il ne m’est pas permis de dire, du moins en ce moment, par quels procédés le gouvernement suisse et le gouvernement allemand ont été mis sous cette fausse impression.